Le bas soleil d’hiver

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il y a 4 ans

Dans un demi-sommeil, elle tâtonne entre les draps. Et finit par trouver le corps chaud de sommeil de son amant. Cela fait longtemps qu’elle n’a pas passé la nuit avec un homme. Des années, qui ont suivi d’autres, où son lit était un champ de bataille où les belligérants partageaient la zone de guerre en veillant scrupuleusement à ne pas dépasser la frontière imaginaire qui les séparait. Même si cela dure depuis quelques semaines, elle ne parvient pas à s’y habituer.

C’est toujours avec étonnement, et une émotion qui ressemble à de la joie, qu’elle sent sous ses doigts la douceur de la peau de l’autre, la courbe de son fessier. Elle gigote pour mieux se rapprocher de lui, pour lui voler un peu de chaleur. Peau contre peau. Dehors, le bas soleil d’hiver joue avec les voilages. Ils se sont couchés en s’emmêlant, si pressés de s’aimer qu’ils en ont oublié les volets. Il y a encore six mois, elle croyait encore que les beaux jours étaient derrière elle. Maintenant, elle sent bien qu’un printemps arrive.

Il grogne un peu, réveillé par la tendresse de son amante. Machinalement, il soulève le bras droit pour qu’elle puisse se blottir contre lui. Elle ne se fait pas prier, enfouissant son nez dans le creux de son cou, à la lisière des poils qui couvrent son torse. Il dépose un baiser sur son front mais n’ouvre pas les yeux. Il a trop donné de sa personne cette nuit, il quémande encore quelques heures de sommeil. Ils restent ainsi plusieurs minutes, somnolant. Mais sa main à elle, comme mue d’une volonté propre, suit la ligne de poils qui mènent de ton torse à sa queue, ralentissant à peine sur ceux du nombril au pénis, « le chemin des dames. »

Elle couvre le sexe de sa paume, pour le tenir au chaud, le protéger… et peut-être l’enfermer un peu. Le garder dans sa main pour en vérifier l’existence, clamer son droit de jouissance sur l’objet. Son droit à la jouissance, aussi. Le membre ne tarde pas à montrer signe d’éveil, bien plus que son propriétaire. La femme se colle plus étroitement contre son compagnon, qui soupire d’aise. Un accord tacite pour qu’elle achève de le réveiller. Lentement, elle se laisse couler le long du corps masculin et bientôt, sa langue rencontre la peau douce du gland. Un autre soupir, plus haut, la motive à le prendre en bouche.

Doucement, elle aspire, pour faire monter le s a n g dans le sexe. Sous la pression de ses lèvres, il grossit jusqu’à atteindre sa taille optimale. Elle continue à le sucer paresseusement, roulée en boule sur le côté, les yeux mi-clos, ronronnant comme une chatte et savourant chaque minute, chaque caresse que sa langue peut prodiguer. Elle ne suce pas pour faire jouir, mais pour procurer du plaisir, à lui comme à elle. Elle ne le fait pas voracement, comme c’est souvent le cas, dans l’urgence d’un désir qui lui prend les tripes. Non, elle profite de cette queue qui est dans son lit, à sa disposition, offerte par un homme qui n’a visiblement pas l’intention de partir dans la demi-heure.

Elle sent qu’il bouge en elle, doucement, pour ne pas l’étouffer, et que ses mains viennent se perdent dans sa chevelure pour la guider. Elle se laisse faire, sex-toy consentant, écartant bien les mâchoires, alors qu’il ondule pour frotter contre l’intérieur de ses joues, aller profondément en veillant à ne pas taper au fond de la gorge. Elle glisse ses doigts dans son sexe à elle, déjà glissant, et se fait gémir quelques minutes. De ses pieds, elle attire à elle la jambe de l’homme, la colle entre les siennes et se frotte dessus. Petite chienne en chaleur qui n’a plus de pudeur parce que mal réveillée, elle apprécie que son cerveau n’ait pas encore pris le contrôle de son corps.

Elle oublie d’avoir peur du jugement de l’autre, elle oublie la peau distendue de son ventre qui a porté la vie par trois fois, elle oublie la cellulite, les vergetures, les rides. Elle n’est qu’un animal qui a faim et auquel on donne à manger. Sentant qu’elle est au bord de l’orgasme, elle se dégage. Les mains quittent ses cheveux comme à regret, mais l’homme soupire à nouveau quand elle se redresse pour lui grimper dessus.

Prise d’une impulsion, elle lui prend les bras, coince les poignets sous ses genoux, et s’empale sur son sexe. Alors qu’elle oscille sur lui comme sur une balancelle, c’est lui qui est devenu un jouet sexuel, immobile, à sa merci. Elle se frotte à lui, danse sur son corps. Il ouvre les yeux pour la regarder, pour voir ses courbes s’agiter, pour observer ses seins qui ballottent et son visage en proie au plaisir, et, d’un coup, elle se sent plus belle que jamais. Alors, elle libère les poignets, sans pour autant lui laisser l’usage de ses mains. L’une d’elles vient entrelacer ses doigts aux siens, l’autre est amené à son visage, à sa bouche, à ses lèvres. Elle suce doucement l’index et le majeur, en arrimant leurs regards.

Elle le sent bouger sous elle, aller plus profondément, gonfler son ventre pour que son clitoris soit stimulé efficacement. Bientôt, elle tremble, avant d’exploser, de s’éparpiller, et de s’écrouler contre son torse. Il l’enveloppe de ses bras, lui caresse l’épaule. Elle ne sait qu’il a joui que lorsqu’il se retire d’elle et qu’elle sent son plaisir couler, alors qu’il la fait basculer sur le côté. Elle bâille. Le soleil, dehors, lui indique que le matin est encore jeune. Elle espère qu’il aura encore faim d’elle quand ils se réveilleront à nouveau dans deux heures et se cale contre lui, contre son corps encore chaud de sommeil.

Aurore Baie

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